mercredi 31 août 2011

Marx et les marges du monde - Alain Gresh

lundi 8 août 2011,

Le but de ce blog et de mon compte Twitter est d’essayer faire passer une autre information sur l’Orient. Il ne s’agit pas seulement de tenter de donner des nouvelles différentes, ni d’analyser ce qui s’y passe, mais aussi de changer la grille de lecture à travers laquelle nous regardons l’Orient. Il faut arriver à se défaire de cette vision eurocentriste et occidentalo-centriste qui caractérise souvent les médias et les intellectuels, y compris de gauche.

C’est pour cette raison que j’évoque ici ce livre qui pourrait apparaître bien loin des sujets habituels, celui de Kevin B. Anderson, Marx at the Margins. On Nationalism, Ethnicity, and Non-Western Societies (The University of Chicago, 2010).

L’auteur, professeur de sociologie et de science politique à l’université de Californie-Santa Barbara, explore le cheminement de la pensée de Karl Marx, en s’appuyant sur des textes souvent méconnus (une partie importantes de l’œuvre de Marx reste non publiée). Il explore la pensée de Marx sur la Chine et l’Inde, sur la Russie, sur la guerre civile aux Etats-Unis (et les questions de race et de classe), sur l’Irlande (rapport entre nationalisme et classe), sur ces « marges du monde », loin du centre capitaliste. Captivant et stimulant.

Au point de départ, le Manifeste communiste publié en 1848 qui affirme : « Par le rapide perfectionnement des instruments de production et l’amélioration infinie des moyens de communication, la bourgeoisie entraîne dans le courant de la civilisation jusqu’aux nations les plus barbares. Le bon marché de ses produits est la grosse artillerie qui bat en brèche toutes les murailles de Chine et contraint à la capitulation les barbares les plus opiniâtrement hostiles aux étrangers. Sous peine de mort, elle force toutes les nations à adopter le mode bourgeois de production ; elle les force à introduire chez elles la prétendue civilisation, c’est-à-dire à devenir bourgeoises. En un mot, elle se façonne un monde à son image. » Malgré les réserves exprimées par le terme « prétendue », le ton est donné : le capitalisme apporte des bouleversements qui sont un progrès et l’Europe montre la voie à toutes les nations du monde.

Quand, en juin 1853, Marx examine la politique britannique en Inde, il suggère que toutes les sociétés, y compris l’Inde, sont destinées à suivre la même voie que l’Europe, celle du développement capitaliste. A ce point de son travail, il s’agit même d’un « grand récit » (marqué par la pensée de Hegel). Marx célèbre les effets positifs de la civilisation supérieure britannique sur la civilisation inférieure indienne  [1].

Ce n’est qu’à partir de 1856 et de la deuxième guerre de l’opium que Marx commence à écrire plus systématiquement sur la Chine. Alors qu’il a justifié en partie la première guerre de l’opium (1842-1843), en dépit de son prétexte « infâme », car elle entraînait l’ouverture de ce pays au commerce, il condamne beaucoup plus clairement la seconde. Marx reconnaît de plus en plus le caractère destructeur du développement capitaliste et conteste son caractère progressiste.

Sur les mouvements nationaux en Pologne et en Irlande. Marx pensait dans les années 1847-1848 que la libération de la Pologne serait le résultat de la révolution prolétarienne, alors que dans les années 1860, il pensait à l’inverse que la libération de la Pologne serait la condition du développement du mouvement ouvrier, notamment en Allemagne. Il adoptera le même point de vue sur l’Irlande. Dans une lettre à Engels du 10 décembre 1869, il écrit : « Longtemps j’ai cru que la chute du régime en Irlande [rappelons que ce pays faisait partie alors du Royaume-Uni] par l’ascension de la classe ouvrière anglaise. (...) Des études plus approfondies m’ont amené au point de vue contraire. La classe ouvrière anglaise ne pourra rien accomplir avant de s’être débarrassée de l’Irlande. Le levier doit s’appliquer en Irlande. C’est pour cela que la question irlandaise est si importante pour le mouvement social [2]. »

C’est que Marx a compris à quel point l’oppression d’une nation par une autre peut affecter la classe ouvrière du pays dominant. Et d’expliquer que « l’ouvrier ordinaire anglais hait l’ouvrier irlandais qu’il voit comme un concurrent qui pèse sur son niveau de vie (en faisant baisser les salaires). Il se sent supérieur à l’Irlandais car il appartient à la nation dominante et devient ainsi un instrument des aristocrates et des capitalistes anglais contre l’Irlande, renforçant ainsi leur pouvoir sur lui-même. (...) Cet antagonisme est le secret de l’impuissance des ouvriers anglais malgré leur organisation. Il est le secret du maintien de la domination capitaliste [3]. »

Durant la guerre civile aux Etats-Unis (1861-1864), Marx s’engagea en tant que journaliste et en tant que dirigeant de la Ière Internationale (créée en 1864). Il saluera l’œuvre de Lincoln, même s’il critiqua à plusieurs reprises son refus de s’engager dans une guerre révolutionnaire en intégrant des Noirs dans l’armée ou en appelant les esclaves à se révolter. Dans une adresse au peuple américain de 1865, l’Internationale met en garde : « Faites que tous les citoyens soient déclarés égaux en droit et libres, sans aucune restriction. Si vous échouez à leur donner leurs droits alors que vous leur demandez de respecter leurs devoirs, il restera une lutte pour l’avenir qui peut de nouveau faire verser le sang de votre peuple [4]. » La libération des Noirs deviendra une condition de l’émancipation des travailleurs.

Dans ses cahiers pour préparer Le Capital et dans ce dernier ouvrage (le livre I), il affirme de plus en plus que son travail concerne l’Europe et que l’Inde, la Chine ou même la Russie doivent être étudiées de manière spécifique, car leur histoire ne rentre pas dans le cadre des « stades successifs » de développement : sociétés primitives, esclavagisme, féodalisme, capitalisme. Il introduit le mode de production asiatique et revient de manière positive sur les formes de propriété communale qui se sont maintenues dans ce pays (mais aussi en Russie).

Durant la dernière décennie de sa vie, le travail de Marx fut considérable mais, pour l’essentiel, non publié. L’auteur se penche sur son analyse des sociétés iroquoise et grecque ancienne, sur l’Inde, l’Indonésie, l’Algérie, l’Amérique latine, et surtout la Russie. Dans une lettre publiée après la traduction en russe du Capital, Marx note que la fatalité du développement du capitalisme tel qu’il la décrit est « restreinte aux pays de l’Europe occidentale ».

En conclusion de son ouvrage, Anderson écrit : « En résumé, j’ai montré dans cette étude que Marx avait développé une théorie dialectique du changement social qui n’était ni unilinéaire (succession de modes de production), ni fondée uniquement sur les classes. Au fur et à mesure que sa théorie du développement social évoluait dans une direction multilinéaire, sa théorie de la révolution se concentrait de manière croissante sur l’intersection entre classe, ethnicité, race et nationalisme. Certainement, Marx n’était pas un philosophe de la différence au sens post-moderne du terme, car la critique d’une entité supérieure, le capital, était au centre de son entreprise intellectuelle. Mais cette centralité ne signifiait pas l’exclusivité. La théorie sociale du Marx de la maturité tournait autour du concept de “totalité” qui n’offrait pas seulement l’avantage de laisser une grande place aux particularités et aux différences, mais aussi, dans certains cas, faisait de ces particularités – race, ethnie, ou nationalité – des éléments déterminants de la totalité [5]. »

Toutes ces réflexions sont importantes pour comprendre le monde d’aujourd’hui et l’articulation entre les problèmes de « classe », de « nation », de « race » et aussi de « genre ». Contre l’idée qu’il suffit de résoudre la question sociale pour résoudre les autres « problèmes », Marx a ouvert la voie à une réflexion bien plus fructueuse et à une articulation des divers niveaux de luttes.

Notes

[1] « First, Marx suggest that all societies, including India, are destined to tread the same pathway as was the West, that of capitalist development. It is virtually a grand narrative at this point in Marx’s work » (influence de Hegel) ; « Second, he repeatedly extolls the beneficial effects of Brittain’s “higher” civilization on India’s “lower” one. » (p. 20)

[2] « For a long time, I believed it would be possible to overthrow the Irish regime by English working class ascendancy. I always took this viewpoint in the New York Tribune. Deeper study has now convinced me of the opposite. The English working class will never accomplish anything before it has got rid of Ireland. The lever must be applied in Ireland. This is why the Irish question is so important for the social movement in general. » (p. 144)

[3] « All industrial and commercial centers in England now have a working class split into two hostile camps, English proletarians and Irish proletarians. The ordinary English worker hates the Irish worker as a competitor who forces down the standard of life. In relation to the Irish worker, he feels himself to be a member of the dominant nation and, therefore, make himself a tool of his aristocrats and capitalists against Ireland, thus strengthening their domination over himself. (…) This antagonism is the secret of the powerlessness of the English working class, despite its organization. It is the secret of the capitalist class’s maintenance of its power. And the latter is fully conscious of this. » (pp. 149-150)

[4] « Let your citizens of to-day be declared free and equal, without reserve. If you fail to give them their citizen’s rights, while you demande citizen’s duties, there will yet remain a struggle for the future which may again stain your country with your people’s blood. » (p. 113)

[5] « In sum, I have argued in this study that Marx developed a dialectical theory of social change that was neither unilinear nor exclusively class-based. Just as his theory of social development evolved in a more multilinear direction, so his theory of revolution began over time to concentrate increasingly on the intersectionality of class with ethnicity, race, and nationalism. To be sure, Marx was not a philosopher of difference in the postmodernist sense, for the critique of a single overarching entity, capital, was at the center of his entire intellectual enterprise. But centrality did not mean univocality or exclusivity. Marx’s mature social theory revolved around a concept of totality that not only offered considerable scope for particularity and difference but also on occasion made those particulars – race, ethnicity, or nationality – determinants for the totality. Such was the case when he held that an Irish national revolution might be the “lever” that would help to overthrow capitalism in Britain, or when he wrote that a revolution rooted in Russia’s rural communes might serve at the starting point for a Europe-wide communist development. » (p. 244)

 

Source : http://blog.mondediplo.net/2011-08-08-Marx-et-les-marges-du-monde

 

lundi 29 août 2011

le survivant ! un regard outre-atlantique sur le Makhzen face à la vague de révoltes du printemps arabe

The Survivor

Aug 29, 2011 1:00 AM EDT

In a region beset by conflict and revolution, the enigmatic king of Morocco has managed to retain control, even as his subjects protested.

As Arab rulers go, Mohammed VI, the 48-year-old king of Morocco, seems at times like the region’s most reluctant autocrat. When inheriting power from his repressive father 12 years ago, he refused to move to the royal palace, preferring his own private home. In the first years of his reign, he fired the regime’s most hated government figures and released high-profile dissidents. So when the king promised a new constitution earlier this year in response to protests, many Moroccans believed he might actually deliver what demonstrators were demanding: a real parliamentary democracy with a figurehead monarch, as in Spain or the U.K. “It felt like things were shifting,” says Ali Amar, a journalist and the author of an unsanctioned biography of Mohammed VI.

But appearances in the royal palace can be deceiving, as Moroccans told me repeatedly during a visit to the country recently. The new constitution Mohammed unveiled earlier this summer fell short of expectations. To critics, it mostly seemed to reinforce what Moroccans call the makhzen system of royal privilege—leaving the king firmly in control.

Seven months after Arabs across the region began rising up against their leaders, the regimes touched by the upheaval can be divided into two groups: those that crumbled quickly (Tunisia, Egypt) and those still fighting back (Libya, Yemen, Syria). Morocco represents a third category, a regime that promised to embrace the demands of the protesters, bought time by forming a committee, and ultimately withheld real democracy. For now, at least, the strategy is working. The protests across the country have mostly subsided, and the king’s new constitution won huge support in a national referendum last month. “In terms of short-term maneuvering, it was very clever,” says Karim Tazi, a businessman and outspoken critic of the king.

At the center of it all is a figure who remains largely an enigma at home and abroad, who gives almost no interviews (he turned down Newsweek’s repeated requests), and whose lifestyle, as depicted in the pages of Morocco’s small but feisty independent press, seems like an imperial rendering of the American television show Entourage. Mohammed surrounds himself with former high-school buddies, throws million-dollar parties for American celebrities such as Sean Combs, and travels with his personal bed in tow. He also owns much of Morocco’s economy, either outright or through holding companies. A 2007 study by Forbes listed him as the world’s seventh-wealthiest monarch, with an estimated fortune of $2 billion. By comparison, Queen Elizabeth II is worth $600 million.

And yet Mohammed is unquestionably different from his Arab counterparts. For one thing, he is genuinely popular in Morocco, where the monarchy dates back 400 years and is respected for, among other things, having negotiated the country’s independence from France. He’s also less repressive than most Arab leaders. In a region of police states, his regime prefers co-opting opponents to jailing them. Even his excessive wealth seems to generate less resentment than other kleptocracies, though poverty and unemployment run high. “He’s very close to his people,” says Andre Azoulay, a top adviser to the king whom I met one morning at a hotel in Rabat. “He’s not a clone of his father. He’s doing very well.”

In many ways, Mohammed VI is in fact the opposite of his father. Slim, eloquent, and ruthless, Hassan II ruled Morocco for nearly four decades, jailing thousands and surviving both coups and assassination attempts. To his countrymen, Hassan was the towering figure who stabilized the country—often brutally—after Morocco won its freedom from France. To Mohammed, he was an abusive son of a bitch, Amar the biographer told me during a recent walk through the Rabat royal palace, where the prince was raised. When the son acted out, the king had him beaten in front of his harem at the palace, a walled compound with arched gateways and rows of bronze cannons. When, as a teenager, he crashed one of his father’s cars, Hassan threw him in the royal jail for 40 days.

Malika Oufkir witnessed the relationship between the father and his young son up close. The daughter of a top palace official, Oufkir lived in the Rabat palace until Mohammed turned 7. She says Hassan’s harsh discipline made the young prince turn inward. “He was this very sweet, very shy little boy,” Oufkir told me. “His father was an extrovert, but he grew up to be just the opposite.” And she personally experienced Hassan’s brutality. Oufkir’s father was a general in Morocco and later served as the interior minister, a position that made him the second-most-powerful man in the country. When he organized a coup in 1972—ordering military jets to strafe the king’s plane on its return from Paris to Rabat—Hassan had him executed. The king then jailed the 19-year-old Oufkir, her mother, and her five younger siblings in secret prisons for more than 15 years. In her memoir, Oufkir described near starvation, beatings, and a suicide attempt. “We had no part in the coup, we were just kids,” she says. “The king was extremely vengeful.”

He was also extremely controlling. Hassan handpicked Mohammed’s classmates, choosing the smartest and most well connected in the country, plucking them from their families to live in the palace. The separation, Amar told me, helped create a lifelong fealty to the future king. It was also a way of consolidating the crown’s alliances with disparate clans and regions.

For the prince, by now rebellious against his father and increasingly spiteful, this band of orphans became his crew. Some of them followed him to France where, in his 20s, Mohammed was a regular at the nightclubs. “He was quiet, but he could [also] be very witty, very engaging,” one friend who regularly attended parties with the prince told me on condition of anonymity. “He would tell these interesting stories about his life as a child, about meeting the Kennedys and attending de Gaulle’s funeral.” When Mohammed VI ascended to the throne in 1999, the friends came along.

The succession raised expectations. As king, Mohammed seemed to distance himself from his father’s policies. He talked about promoting democracy and made some changes, including an unprecedented expansion of women’s rights. But the new spirit was quickly eclipsed by an old institution. “At some point, the king just shrank back into the makhzen system,” says Tazi, the businessman, who likens the layers of advisers, friends, and assorted opportunists around the king to a large octopus with enough tentacles to reach into the pockets of all Moroccans. “When King Hassan died, the octopus lost its head, because the new king refused to join the body. The system was dying,” he says. “And then setbacks happened and the body took back its head and the two merged very harmoniously.”

Mohammed is neither a gifted orator nor a political strategist, two areas in which his father excelled. Instead, he’s focused on expanding the crown’s investments and his own personal wealth. Though precise figures are hard to come by, his holding companies are known to have large stakes in nearly every sector of the Moroccan economy from the food and banking industries to real estate, mining, and manufacturing, according to analysts who study Morocco’s financial structures. As the portfolios have expanded, so have the allegations of corruption.

An American diplomat in Casablanca wrote in a cable to the State Department in 2009 about the “appalling greed” of those close to Mohammed. Made public by WikiLeaks last year, the cable said the royal family used state institutions to “coerce and solicit” bribes. When I visited Tazi at the office of his mattress company in Casablanca, he told me he regularly pays bribes just to get his merchandise delivered to customers around the county. “It’s a multimillion-dollar business taking place every day, and the profits trickle up to the top of the ladder.”

People close to the king say his investments help the country by conveying confidence in the Moroccan economy. That may well be true. Foreign investment is up in Morocco, and the country’s GDP growth has averaged 5 percent since Mohammed was enthroned, according to Communications Minister Khalid Naciri, who acts as the Moroccan government’s spokesman. “Morocco remains a country of great political and economic openness,” he wrote me in an email.

But economic growth can sometimes hide the real story. In a report issued this year, Transparency International ranked Morocco 85 on its corruption scale, with higher numbers indicating greater corruption. By comparison, it listed Tunisia at 59. While some Moroccans have certainly benefited from the growth spurts, the rising disparity between rich and poor has left many more people frustrated. “If only a few people are better off as a result of economic growth, then strong GDP figures don’t make a country stable,” says Shadi Hamid, a Mideast expert with the Brookings Institution. “On the contrary, they can actually contribute to a revolutionary situation.”

Among Moroccan businessmen, the king’s direct involvement in the economy is no secret. (One of his holding companies is called Siger—an inversion of the Latin word regis, meaning “of the king.”) Many prefer to avoid investing in areas where the royal palace already has holdings, fearing the king’s power and influence would put them at a disadvantage. As a result, companies owned by the crown are often monopolies or near monopolies, says Aboubakr Jamai, who published the weekly Le Journal Hebdomadaire until it folded last year. “So even if you set aside the political aspect, the moral aspect, the ethical aspect, it’s not optimal economically,” he says. (Naciri responded that “the new constitution has also provided serious mechanisms to protect free competition and private initiatives.”)

The first big demonstrations in Morocco occurred on Feb. 20, five weeks after Zine al-Abidine Ben Ali fled Tunisia and just nine days after Egyptians ousted Hosni Mubarak—a particularly euphoric moment that preceded fighting in Syria and Libya. Several Moroccan protesters told me they felt a little embarrassed about coming late to the party. Though firmly rooted in the Arab world, many Moroccans pride themselves on the fact that their country is more open and liberal than most others in the region. On more than one occasion while there, I heard people describe the Straits of Gibraltar, which separate Morocco from Spain, as a geographical accident. That other Arab countries might embrace a European-style democracy before Morocco seemed like an affront to many protesters.

In his speech just two and a half weeks after that first protest, Mohammed promised a new constitution that would guarantee “good governance, human rights, and the protection of liberties.” Members of the drafting committee he appointed took a full three months to formulate the document. By the time it was ready, Moroccans could see the results of other protests in the region: stalled revolutions in Egypt and Tunisia and bloody wars of attrition elsewhere. On July 1, Mohammed’s revised constitution sailed through a referendum vote. In an email, Naciri described the reallocation of powers in the constitution as “very deep and serious.” But an issue of the privately owned magazine TelQuel summed it up with this cover line: “New constitution—more king than ever.”

Whether the vote marks the end of the revolutionary spasm in Morocco is now hotly debated. Tahar Ben Jelloun, the country’s most celebrated poet and writer, believes the protests have left an indelible mark on Morocco. He also thinks the king is committed to changing the system. “People are impatient. It’s normal they would want the kind of reforms that will rapidly change their lives. But democracy is a culture that needs time and education.” But Hamid, the Brookings analyst, disagrees. “I’m not going to deny there are reforms, but that’s the strategy these regimes use,” he told me. “They never end up redistributing power away from the king.”

On one of my last days in Morocco, Amar drove me to a parking lot in downtown Rabat to see Mohammed’s car collection. Behind the eucalyptus trees, I glimpsed a three-story building of marble and glass where hundreds of cars were kept, including Mohammed’s favored Ferrari and Aston Martin. When the Aston Martin needed servicing two years ago, Amar told me, Mohammed ordered the air force to fly it to London in a cargo plane, though there are plenty of able mechanics in his own country. We lingered for a few moments until a policeman emerged from a guard booth and motioned for us to leave. The details of Mohammed’s wealth are well covered in Amar’s book, a fact that led the regime to ban it. Yet incredibly, it has sold 30,000 copies in France, which has a large Moroccan population. Whenever Amar’s abroad, he lines his suitcase with copies and brings them back to Morocco, in a private battle against the government censor. A few months ago, a customs agent caught sight of the books in a scanner. But the punishment he imposed was reasonable—and perhaps telling: all he asked for was a copy of the book.

Boor Yi : chanson contre la dette qui étranglent nos sociétés

dimanche 28 août 2011

les mouvements de résistance civile

une approche dans la ligne des théoriciens de la libération pacifique ! on reconnaîtra les idées principales de Gene Sharp ! instructif !

samedi 27 août 2011

lexique bourdieusien

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De la dictature à la démocratie - Gene Sharp

De la dictature à la démocratie - Gene Sharp

un essai incontournable sur les voies de la libération pacifique de la dictature

Tinghir: les marginalisés en grogne


To:
From: ali_fkir@yahoo.fr
Date: Thu, 25 Aug 2011 13:45:17 +0100
Subject: [JeunesseMaroc] Tinghir: les marginalisés en grogne

 


Les déhérités de Khémis Dads (Tinghir) en grogne

par Ali Fkir, jeudi 25 août 2011, 12:30

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Des dizaines de d'habitants de la commune de Khémis Dads à 60 km de Tinghir (province), en sit in en ce moment (jeudi 25 août 2011 à midi) devant le siège de la préfecture. Ils auraient fermé l'accès aux bâtiments (ni entrée, ni sortie).
Que veulent-ils?
- Le désenclavement de la commune ( par construction de route, de ponts sur le fleuve...)
- Garantir le minimum nécessaire d'infrastructures et services sociaux...
La région de Dads fait partie du Maroc "inutile" (selon le jargon des bureaucrates), partie dont les habitants manquent de tout ce qui fait d'un habitant un citoyen. Ce sont des marocain sans droits de citoyenneté.
LA SOLIDARITE avec les déshérités de ce pays nous interpelle.
Ali Fkir (25 août 2011 à midi 17mn)
 

Marche populaire à Tinghir en 2010

 
 Marche popualire à Tinghir décembre 2010
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Activités récentes:

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vendredi 26 août 2011

Nous vaincrons ! Victor Jara, t avais raison !

Versión de la campaña presidencial de 1970, letra de Víctor Jara
I

Aquí va todo el pueblo de chile
aquí va la Unidad Popular
campesino, estudiante y obrero
compañeros de nuestro cantar

II

Consabiente de nuestra bandera
la mujer ya se ha unido al clamor
la Unidad Popular vencedora
¡Será tumba del yanqui opresor!

Coro

¡Venceremos! ¡Venceremos!
con Allende en septiembre a vencer
¡Venceremos! ¡Venceremos!
la Unidad Popular al poder (bis)

III

Con la fuerza que surge del pueblo
una Patria mejor hay que hacer
a golpear todos juntos y unidos
¡Al poder! ¡Al poder! ¡Al poder!

IV

Si la justa victoria de Allende
la derecha quisiera ignorar
todo el pueblo resuelto y valiente
como un hombre se levantará

un point de vue d un penseur marocain majeur sur le mouvement 20 février

qui sont les jeunes du mvt 20 février ? Selon A.Hosni

Animated sheet music [videos] - Holy Kaw

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Here’s your jazz moment for a Friday morning. In the age of bouncy-ball sing-a-longs, it’s nice to see some good old-fashioned sheet music every once in a while (even if it is of the bouncy-ball variety).

“So What” by Miles Davis

“Confirmation” by Charlie Parker

Full story at YouTube via Kottke.

See the music.

magnifique ! instructif !

Flamenco anticapitaliste

Le collectif militant espagnol flo6x8 improvise des performances flamenco dans les agences bancaires afin de protester contre la dérégulation financière et l’impunité des banques.
Le site internet du collectif militant flo6x8

une ville, un vide !

Maroc : La révolution tranquille ? Rencontre avec Mohamed Tozy

Propos recueillis par Justine Canonne

Le 20 février 2011, des manifestations ont lieu dans plusieurs villes marocaines. Dans la foulée s'est créé un mouvement - le mouvement dit "du 20 février" -, qui exige un changement de constitution et des réformes démocratiques. Le roi Mohammed VI promet une réforme constitutionnelle, adoptée par référendum le 1er juillet dernier. Mais alors que de nombreux observateurs vantent la réactivité de la monarchie, le mouvement du 20 février poursuit ses revendications. Le politologue Mohamed Tozy revient sur le contexte politique au Maroc.

Quels principes ont présidé à la récente réforme constitutionnelle ?

Certaines questions de fond ont structuré ce chantier de réformes : cela consistait d'abord à rappeler que la source exclusive de la souveraineté est le peuple, puis à affirmer la suprématie de la constitution sur toute autre forme juridique, qu’elle soit traditionnelle ou religieuse. Le credo était : toute la constitution et rien que la constitution. La réforme constitutionnelle rend impossible l’introduction de révisions qui remettent en cause les choix démocratiques et les acquis dans le domaine des droits de l’homme.

Il s’agissait en outre de repenser le statut de la monarchie, qui devient une institution constitutionnelle comme les autres et dont les pouvoirs sont tirés exclusivement de la constitution. Ces questions peuvent paraître banales, mais la pratique constitutionnelle des cinquante dernières années les a malmenées. N’oublions pas qu’il existe un courant au Maroc qui tente de justifier les pouvoirs temporels du roi par leur origine religieuse et qui veut faire de la Shari’a une norme supra-constitutionnelle.

Les plus importantes nouveautés apportées par la réforme constitutionnelle sont liées au fait que le gouvernement n’est plus responsable devant le roi. Le roi ne peut user directement du pouvoir que dans des situations exceptionnelles. Le monopole du pouvoir législatif revient au Parlement, le roi ne peut légiférer. La constitution consacre donc désormais un type particulier de parlementarisme. Le parti vainqueur des élections est assuré de diriger le gouvernement. Une majorité structurée et forte oblige le roi à composer avec elle.

Cela dit, beaucoup dépendra de la personnalité du futur Premier ministre, à qui reviendra le défi de s’autonomiser en s’appuyant sur le texte constitutionnel. Le vrai pouvoir se situe au conseil du gouvernement, où s’élaborent les lois organiques du pays. Et le Premier ministre a désormais le pouvoir de présider le conseil en cas d’absence du roi. Ainsi, le roi est obligé de négocier en permanence avec les autres acteurs.

Le roi du Maroc a le titre de commandeur des croyants. Qu'implique ce titre dans l'exercice du pouvoir ? Que devient-il avec la réforme constitutionnelle ?

Le titre de commandeur des croyants, consacré par les anciennes constitutions, introduisait beaucoup d’ambiguïté parce qu'il se référait à une interprétation abusive de la théorie musulmane du pouvoir. L’article 19, qui consacrait ce statut, créait une grande promiscuité entre les prérogatives de chef d'Etat et de chef religieux et permettait une interprétation de la constitution faisant du roi une institution supra constitutionnelle qui, de par ce statut, pouvait légiférer pour sauver la communauté musulmane.

Ce statut de commandeur des croyants est par ailleurs revendiqué par les conservateurs comme par les partis de gauche pour des raisons différentes. Les premiers espèrent, à travers le roi, consacrer la suprématie du religieux. Les seconds pensent que ce statut permet d’insérer la religion dans la constitution – et donc ne pas placer la religion au-dessus du texte constitutionnel - et pensent aussi que le roi préservera le Maroc des extrémismes. Dans la rédaction actuelle de la constitution, la commission [qui a participé à l’élaboration du projet de réforme constitutionnelle] s'est efforcée de limiter les prérogatives liées à ce statut, qui permet au roi d'intervenir exclusivement dans le domaine du religieux, à travers la nomination des clercs aux conseils religieux et la sollicitation de ces derniers pour des avis. Il faut préciser enfin que cette fonction religieuse du roi implique sa responsabilité pour garantir par la constitution l'exercice de la liberté des cultes et qu’elle concerne tous les croyants et pas uniquement les musulmans.

Le mouvement du 20 février a poursuivi les manifestations après le référendum du 1er juillet dernier, à l’issue duquel les électeurs ont approuvé la réforme constitutionnelle.Qui compose ce mouvement ? Quelles sont ses revendications ?

Le mouvement du 20 février a fonctionné dans un premier temps comme un électrochoc qui a remis en marche le processus réformiste et banalisé des questions qui étaient taboues, par exemple le caractère immoral de la collusion entre le monde des affaires et celui du pouvoir. Ce mouvement a permis de maintenir la pression durant les travaux de la commission et de changer parfois le rapport de forces en son sein.

Malheureusement, il s'agit d'un mouvement très peu structuré, composé de plusieurs sensibilités politiques. Les deux dominantes en sont le mouvement islamiste Al Adl Wa Al Ihssan, et deux partis de gauche : le premier, Annahj Addimoqrati, est hostile au système politique actuel alors que le second, le parti socialiste unifié, est un parti à vocation réformiste. L’absence de structuration du mouvement du 20 février et les disparités idéologiques en son sein l’ont rendu inefficace au moment des arbitrages cruciaux, à la veille de la finalisation du texte de réforme constitutionnelle. C’est la raison pour laquelle le PJD (Parti de la justice et du développement), associé à des groupes conservateurs, est apparu comme le seul vainqueur des arbitrages rendus in fine, qui introduisent certaines ambiguïtés quant aux interprétations du texte constitutionnel qui seront données à l’avenir.

Monarchie fédératrice, réforme constitutionnelle… Le Maroc semble adopter une démarche plus réformiste que révolutionnaire. Le pays pourrait-il néanmoins basculer dans un processus révolutionnaire ?

Je ne le pense pas. La monarchie reste très populaire. En revanche, si les gouvernements issus des prochaines élections n'assument pas leur rôle de leadership et n'engagent pas les réformes nécessaires, le Maroc sera confronté à la montée des revendications sociales et économiques. La gestion de ce type de contestation, qui porte non pas sur les fondements du pouvoir mais son mode de gestion, requiert une grande dose de responsabilité et de courage que le personnel politique ne semble pas disposer à avoir. La solution de facilité serait de continuer à user du crédit de la monarchie auprès des Marocains, or celui-ci n'est pas inépuisable…

Source : http://www.scienceshumaines.com/index.php?lg=fr&id_dossier_web=72&id_...

pour Tozy le Maroc n est pas dans un processus révolutionnaire, le titre du commandeur de croyants est revendiqué par la droite et la gauche, le mvt 20 février n a pas su s imposer lors de l arbitrage final, le pjd, si ! par rapport à la cause de libération du peuple marocain, celle à venir , la vraie , tozy est un traître ! Tozz fi Tozy dirait un certain ex-guide ! à l ombre de leur maître Makhzen , drappés de leur diplômes d intellos modernes , ils ont en horreur le petit peuple ! la révolution ? Surtout pas, quelle horreur ! il m est arrivé d assister un jour à une conférence de Tozy et j ai vu le mépris makhzenien ( je suis susceptible vis à vis de cette moue de déni qui te dit que je vaux mieux que toi parceque mon sang est royal , presque bleu ! ) dans ses réponses et regards ! j y reviendrai un jour ! Pour le moment JE DENONCE LA TRAHISON DE NOS CLERCS !

jeudi 25 août 2011

Monde arabe : aux origines de la contestation

Auteurs : Justine Canonne et Marie Deshayes

Systèmes politiques verrouillés, économies fragiles et inégalitaires, démographies galopantes, tensions intercommunautaires... Le point sur le contexte dans lequel ont émergé les révolutions arabes en 2011.

 

Il est impossible de comprendre les révolutions arabes sans considérer l’arrière-fond : la situation de blocage politique de la région. « Ce sont des régimes sclérosés, sans État de Droit, avec une justice aux ordres que l’on a vu tomber au début de l’année en Tunisie et en Égypte », observe Olivier San Martin, enseignant-chercheur en géopolitique à l’Université de Tours. Ces systèmes politiques verrouillés ont longtemps été tolérés, voire encouragés par les Occidentaux, qui considéraient les maîtres de ces États autoritaires comme des remparts contre l’islamisme.

Des logiques de rente

Ce blocage politique engendre un système verrouillé économiquement. « En Tunisie et l’Égypte perdurent des logiques de rente, fondées sur l’accaparement des ressources par les grandes familles, les élites, explique le chercheur. Si la libéralisation économique a stimulé en partie la croissance grâce au tourisme, elle a aussi creusé les inégalités, alimenté la corruption, l’affairisme dans ces deux États ».

Cette logique de rente peut prendre d’autres formes : les régimes algérien et libyen peuvent résister aux contestations notamment grâce à la rente pétrolière. Cette manne financière assure aux dirigeants suffisamment de dividendes pour ne pas avoir à ouvrir leur pays à l’extérieur : la communauté internationale dispose ainsi de peu de prise sur les décisions politiques de ces chefs d’État.

Le poids de la démographie

Les jeunes ont été désignés comme les principaux protagonistes de ces révoltes. Ils forment en effet la classe d’âge numériquement la plus importante dans ces sociétés : « Ces pays sont dans une phase d’aubaine démographique », observe Olivier San Martin. Environ un cinquième de la population a entre 15 et 24 ans, ce qui pourrait constituer un moteur pour la croissance économique. « Or, dans la région, cette aubaine demeure virtuelle », poursuit le chercheur. Les jeunes diplômés sans perspective d’avenir, dans des économies incapables de fournir assez d’emplois pour les intégrer, sont donc à l’avant-garde des contestations. Pour autant, selon Olivier San Martin, il ne s’agit pas d’un mouvement spontané : « En Égypte, c’est le mouvement du 6 avril 2008 (année des grèves dans les usines textiles du Delta du Nil), qui est à l’origine de la manifestation du 25 janvier 2011 marquant le début de la révolution. »

La contestation actuelle s’appuie donc sur des mouvements qui ont commencé à se structurer dans les années 2000, par exemple avec le mouvement Kefaya (« ça suffit ») de 2004 en Egypte… Ce ne sont pas dans les partis politiques traditionnels que les jeunes se sont organisés, mais à travers le milieu associatif (associations de défense des droits de l’homme, etc.) et le web (réseaux sociaux, blogosphère).

L’issue de ces révolutions n’est pas encore certaine. Pour Laurent Bonnefoy, chercheur à l’Institut français du Proche-Orient, « l’histoire des révolutions du printemps arabe ne s’écrit pas en quelques mois. Nous avons affaire à des temporalités longues. Rien n’est écrit. »


Chronologies par pays


TUNISIE

17 décembre 2010 : Mohammed Bouazizi, un jeune vendeur ambulant, s'immole à Sidi Bouzid pour protester contre la saisie de sa marchandise par la police. Début d'une vague de contestation.

11 janvier 2011 : Les affrontements gagnent Tunis.

14 janvier : Fuite du président Ben Ali, au pouvoir depuis 1987, vers l’Arabie Saoudite.

17 janvier : Nouveau gouvernement d'union nationale, dans lequel l’équipe sortante conserve des postes clés.

24 janvier: L’armée se porte « garante de la révolution ». Les manifestants exigent la démission du gouvernement.

26 janvier : Mandat d’arrêt international contre Ben Ali et son épouse.

7 mars : Nouveau gouvernement provisoire sans aucun ancien ministre de Ben Ali.

ÉGYPTE

25 janvier 2011 : Première manifestation sur la Place Tahrir au Caire. Début de plusieurs semaines de mobilisations des Égyptiens en vue de la chute du régime.

11 février : Le président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981, quitte le pouvoir.

19 mars : Référendum sur la constitution égyptienne, avec 77% des voix en faveur des amendements proposés (limitation du nombre et de la durée du mandat présidentiel, assouplissement des conditions de candidatures électorales).

3 août : Ouverture du procès de Hosni Moubarak, rapidement ajourné et reporté au 15 août. L’ancien président égyptien est accusé du meurtre de plus de 800 manifestants et de détournement de fonds publics.

15 août : Nouvelle audience du procès Moubarak, ajourné puis reporté au 5 septembre prochain.

SYRIE

15 mars 2011 : Rassemblement à Damas après un appel lancé sur Facebook.

21 avril : Levée de l’état d’urgence. Plus de 80 manifestants tués le lendemain.

25 avril : L’armée entre à Deraa. Au moins 25 personnes sont tuées.

13 juin : Alep, deuxième ville du pays, est gagnée par la contestation.

8 juillet : Les ambassadeurs français et américain se rendent à Hama pour manifester leur soutien aux manifestants.

31 juillet : L’armée syrienne entre dans Hama. En quelques jours, le bilan est d'au moins 90 morts, selon des organisations de défense des droits de l'homme.

3 août : Le Conseil de sécurité de l’ONU condamne « les violations généralisées des droits de l’homme ».

14 août : L'armée syrienne a lancé une opération navale sans précédent à Lattaquié, au nord-ouest du pays, faisant une trentaine de morts.

24 août : L'ONU vote une résolution demandant l'ouverture d'une commission d'enquête internationale sur la violation des droits de l'homme.

ALGÉRIE

Début janvier 2011 : 5 jours d'émeutes contre la vie chère et le chômage font 5 morts et plus de 800 blessés.

Du 14 au 30 janvier : 2 décès par immolation et 7 tentatives.

19 février : Marche organisée par la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) interdite. Elle se transforme en rassemblement.

24 février : Levée de l’état d’urgence en vigueur depuis 1993.

7 mars : Des gardes communaux, chargés de suppléer la gendarmerie, se rassemblent pour réclamer de meilleures conditions de travail.

15 avril : Le président Abdelaziz Bouteklika, au pouvoir depuis 1999, commande la tenue de consultations en vue de réformes politiques. Ces consultations débutent le 21 mai sans la participation de plusieurs partis d’opposition.

LIBYE

15 février : Des émeutes éclatent à Benghazi.

17 février : Manifestations de la « Journée de la colère » réclamant le départ du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 1969. Elles se heurtent à une violente répression policière.

26 février : Résolution de l'ONU imposant un embargo sur les armes, une interdiction de voyager et un gel des avoirs du clan Kadhafi, et demandant la saisine de la Cour pénale internationale pour « crimes contre l'humanité ».

27 février : Les opposants forment un Conseil national de la transition à Benghazi.

2 mars : Début de la contre-offensive des forces de Kadhafi dans l'est du pays.

17 mars : Résolution 1973 de l'ONU qui autorise le recours à la force pour protéger les populations civiles et crée une zone d'exclusion aérienne.

19 mars : Début des frappes aériennes de la coalition contre les forces de Kadhafi.

27 mars : L'OTAN prend officiellement le commandement des opérations militaires menées dans le pays.

27 juin : La Cour pénale internationale délivre des mandats d'arrêt pour crimes contre l'humanité à l'encontre de Mouammar Kaddafi, de son fils Seif el-Islam Kaddafi et du chef des services de renseignements Abdullah al-Senoussi.

15 août : Les rebelles affirment être entrés dans une « phase décisive », et contrôler la « majeure partie » de Zaouiah, à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de la capitale libyenne, ainsi que les villes de Gariane et Sourmane.

21 août : Les rebelles entrent dans la capitale, Tripoli. Lundi 22, ils encerclent la résidence de Kadhafi. Le Conseil national de transition a fait prisonnier le fils de Mouammar Kadhafi, Saïf Al-Islam.

23 août : Le quartier général de Kadhafi tombe aux mains des rebelles. Kadhafi affirme dans un message audio l’avoir quitté pour des « raisons tactiques ».

MAROC

20 février 2011 : Manifestations de milliers de Marocains dans plusieurs villes du pays, dont Rabat, Casablanca, Marrakech… Ils réclament un gouvernement aux pouvoirs élargis et des réformes politiques.

9 mars : Le roi Mohammed VI annonce une réforme constitutionnelle. Le « mouvement du 20 février » poursuit ses manifestations les semaines suivantes, réclamant plus d’égalité, de justice sociale et une lutte efficace contre la corruption.

17 juin : Le roi Mohammed VI présente le projet de réforme constitutionnelle. Les militants du « mouvement du 20 février » se disent insatisfaits de ce projet et demandent des réformes politiques plus profondes : recul plus net des prérogatives royales, séparation des pouvoirs plus marquée…

1er juillet : Référendum portant sur la nouvelle constitution marocaine, avec plus de 98% des voix en faveur de celle-ci.

3 juillet : Nouvelle vague de manifestations dans plusieurs villes du pays, à l’appel du Mouvement du 20 février, qui exige davantage de réformes politiques, à la suite du référendum constitutionnel.

16 août : Le ministre de l’Intérieur Taïeb Cherkaoui annonce la tenue d’élections législatives anticipées le 25 novembre prochain.

YÉMEN

27 janvier 2011 : Premières mobilisations dans la capitale yéménite, Sanaa. Les manifestants réclament le départ du président yéménite Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 1978.

5 mars : Le président Saleh refuse de quitter son poste d’ici la fin de l’année, comme le souhaite l’opposition. Il affirme qu’il restera au pouvoir jusqu’en 2013, terme de son mandat.

18 mars : Plusieurs dizaines de personnes sont tuées lors de mobilisations contre le pouvoir.

30 avril : Le président Saleh refuse de signer un plan de sortie proposé par les monarchies du Golfe prévoyant sa démission, alors qu’il avait donné son accord de principe quelques jours plus tôt.

3 juin : Le président Saleh est blessé dans un tir d’obus à Sanaa. Il est transporté en Arabie Saoudite pour y être soigné.

7 juillet : Première apparition télévisée du président Saleh depuis son hospitalisation en Arabie Saoudite. Il n’évoque ni sa démission ni un éventuel retour au Yémen.

16 juillet : L’opposition annonce la création d’un conseil transitoire présidentiel.

16 août : Le président Saleh annonce son retour prochain au Yémen.

BAHREÏN

14 février 2011 : Des milliers de manifestants se rassemblent sur la place de la Perle dans la capitale du Bahreïn, Manama, pour réclamer des changements politiques et sociaux. Les forces de sécurité répriment ces mobilisations.

14 mars : Des soldats saoudiens de la force commune du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) entrent au Bahreïn. L’opposition bahreïnienne dénonce une « occupation étrangère ».

15 mars : Le roi du Bahreïn décrète l’état d’urgence pour trois mois dans un contexte de manifestations anti-gouvernementales.

8 mai : Ouverture d’un procès d’exception pour plusieurs militants d’opposition.

1er juin : Levée de l’état d’urgence. Annonce d’un « dialogue national » et instauration d’une commission indépendante pour enquêter sur les abus commis durant la répression du soulèvement.

2 juillet : Ouverture officielle du « dialogue national » au Bahreïn. Malgré ses réticences, le groupe d’opposition El Wefaq accepte de participer à ces discussions destinées à relancer le processus de réforme politique.

7 août : Libération de deux anciens députés chiites du parti d’opposition El Wefaq. Devant être initialement jugés par un tribunal d’exception, ils seront finalement jugés par une cour civile.

Source : http://www.scienceshumaines.com/index.php?lg=fr&id_dossier_web=72&id_...

CADTM - Maroc : Quand les jeunes de Safi réclament du travail, l'Etat répond par arrestations et jugements

Des manifestations violemment réprimées se sont déroulées à Safi le 1er août 2011. Safi est un port de pêche situé sur la côte atlantique marocaine. C’est aussi une ville industrielle : conserveries, usine chimique Maroc phosphore, industries textiles, toutes concentrées dans le quartier Sud de la ville et, en ce qui concerne les conserveries et le textile, durement touchées par la crise internationale. A cela s’ajoute les pollutions provoquées par les rejets de l’industrie chimique qui ont aussi provoqué des fermetures d’usines. Le port de Safi à lui seul employait 15000 ouvriers, il n’en reste plus que 2000 actuellement. La crise du textile a causé la fermeture de 3 usines qui employaient 1400 ouvrier-e-s. A peine 400 ouvriers saisonniers continuent à travailler dans les conserveries. On estime que 72 000 familles sont affectées par le chômage.

Des lueurs d’espoir avec le mouvement du 20 février

Mais des lueurs d’espoir apparaissent avec le mouvement du 20 Février. La région Asfi- Sud a connu depuis cette date 32 marches populaires avec pas moins de 5000 manifestants, à majorité des jeunes. C’est dans ce quartier qu’habitait Kamal Oumari, enlevé lors d’une de ces manifestations et mort suite aux tortures qu’il a subies le 2 juin 2011. Son enterrement a été suivi par des dizaines de milliers de manifestants qui réclamaient le jugement de ses tortionnaires.

Safi est aussi l’une des villes où le taux de boycott a été le plus élevé lors du dernier référendum constitutionnel car les agents de l’administration n’ont pas pu y mener aussi aisément leur campagne d’intimidation et de propagande.

Par ailleurs, les syndicats des travailleurs liés à l’OCP (Office Chérifien des Phosphates), avec le soutien du mouvement du 20 février, ont organisé une manifestation de plus de 3000 ouvriers. Suite à cette lutte, ils ont obtenu une importante augmentation du salaire, ce qui a encouragé les habitants de la région à s’organiser, manifester et affronter la peur.

Les jeunes et les chômeurs du quartier veulent du travail

Depuis plusieurs années, 4 associations de chômeurs luttaient pour le droit au travail : l’ANDCM (ass. Nati. Des diplômés Chômeurs, Association des licenciés chômeurs, association des travailleurs chômeurs, Association des victimes de l’affaire Anajat. Après le 20 Février, deux autres groupes : Alliance des fils de retraités de l’OCP et la coordinations des lauréats des instituts techniques ont été créés. Toutes ces associations ont signé un accord avec le gouverneur de la ville, l’ANAPEC (Agence pour l’emploi) et l’OCP pour l’embauche des jeunes. Les jeunes se sont organisés pour présenter des listes de candidatures à la préfecture mais devant le refus des responsables de la préfecture de prendre ces listes, ils ont organisé, le 1er août dernier, un sit-in devant la préfecture et le blocage des trains de l’OCP.

Ce même jour, les habitants du quartier Kawki organisaient un rassemblement contre l’augmentation des factures d’eau et d’électricité devant le siège de la compagnie qui a délégué le contrôle des compteurs depuis le mois de mai 2011 à une société privée.

Les forces de l’ordre nombreuses ont cerné le quartier et attaqué les manifestants, chargé et poursuivi les jeunes dans tous les quartiers- sud, toute la population s’est retrouvée cernée et attaquée. Les affrontements violents ont duré toute la journée du 1 août et se sont poursuivis toute la nuit. Deux postes de police ont été incendiés. Les manifestants disent avoir vu des hommes cagoulés descendre d’une voiture appartenant à l’OCP, remettant en question la version officielle qui incrimine les jeunes des quartiers.

14 arrestations ont été opérées, en voici la liste (on y note la présence de plusieurs mineurs) :

- Amine Bouladam, élève, né en 1993

- TAabane Ali, artisan, 1982

- Mehdi Anouane, coiffeur, 19ans

- Miloud Elabti, marchand ambulant, 1980

- Bentir Mohcine, élève coiffeur, 1993

- Karim Boujamaa, élève ; 1993

- Azi Benchrifa, élève, 1993

- Zaid Adile, diplôme et chômeur, 1981

- Candi Abdelkrim, chômeur, 1987

- Fidadi Abdelkader, chômeur, 1979

- Omar Martal, chômeur

- Touzani, handicapé mental,

Les chefs d’inculpation : constitution bande criminelle, incendie de lieux publics, rassemblement armé, désobéissance, coups et blessures sur agents d’autorité en fonction, blocage du train, destructions des biens publiques et saccage des biens

Le jeudi 4 aout, ils ont été présentés devant le tribunal, le jugement a été reporté au 11 aout 2011

Solidarité avant tout

Il convient de rappeler que ces arrestations ne sont pas les seules

A Bouarfa, dans l’est du Maroc, suite à une intervention violente des forces de répression le 18 mai 2011, dix militants dont les syndicalistes Kabouri et Chennou, ont été condamnés à l’issue d’un jugement inique à 2 et 3 ans et purgent leur peine

Dans la ville minière de Khouribga, au centre du Maroc, des affrontements ont opposé des manifestants revendiquant du travail à l’OCP et les force de l’ordre le 6 juillet dernier, suite à des promesses d’embauches non tenues.

Le Maroc, loin des caméras et des médias vit une situation d’insurrection. Les jeunes et moins jeunes des villes et quartiers défavorisés sont en révolte permanente. Sans travail, sans logement, sans droit, sans justice sociale, ils se retrouvent dans les rues depuis le déclenchement du mouvement du 20 février.

Mais le pouvoir et le makhzen n’ont pour réponse que répression et condamnations, élections truqués et mascarades pour gagner du temps. Jusqu’à quand ?

Brisons le silence ! Solidarité et liberté pour les détenus ! Jugement des tortionnaires .

6 août 2011

Souad Ganoune, militante d ATTAC-CADTM écrit sur la situation des luttes sociales à Safi après la vague de répression abattue sur cette ville de Fils du peuple ! ouled ecchaab , enfants de soleil, de mer et de Misère !

mardi 23 août 2011

« La monarchie marocaine est une véritable dictature »

mis en ligne dimanche 12 juin 2011 par skarmory


Comme ses voisins maghrébins, le Maroc est secoué par une vague de révoltes sociales. Une contestation exprimée après une décennie de luttes sur le terrain. Témoignage d’Aziz Maaras, militant d’ATTAC/CADTM Maroc [1].

Cela fait dix ans que l’on est sur le terrain, et que nous luttons dans presque toutes les mobilisations à l’échelle nationale ou bien dans nos villes. Nous avons participé à de nombreuses mobilisations avec des mouvements, féministes, syndicalistes, avec des jeunes, des chômeurs, etc. Nous luttons pour le droit au logement, au travail, aux soins, le droit à une vie meilleure mais aussi contre la dette marocaine, le gaspillage des fonds publics, la privatisation de tous les biens publics et plus généralement contre tous les projets qui ne sont pas dans l’intérêt des citoyens marocains.

Quelles sont les entreprises étrangères qui profitent de la privatisation ?

La plus connue est Veolia, qui investit dans le traitement de l’eau, l’assainissement et l’électricité, surtout à Casablanca et dans les villes du nord comme Tanger. On voit de grandes sociétés multinationales, essentiellement françaises et espagnoles, qui absorbent, si je puis dire, l’argent de la population marocaine en leur vendant leur eau, leur électricité, etc. Les richesses du Maroc sont vendues aux Marocains par ces entreprises étrangères.

Un exemple symbolique est le village de Bensmim, au milieu du Maroc, dont l’eau abondante et d’excellente qualité est exploitée en bouteilles par une filiale du groupe Castel, alors que la population se retrouve privée de cette ressource vitale. Les luttes des villageois contre ce projet ont même conduit certains d’entre eux devant les tribunaux.

Plus de 60% de l’investissement direct dans le Maroc provient de l’Union européenne (UE), dont une majeure partie de France. L’UE a accordé au Maroc le « statut avancé » en 2008, qui vise à renforcer le partenariat économique. C’est une politique de libre échange qui mine une économie très faible contre un géant économique tel que l’UE. En ce qui concerne la pêche par exemple, ce sont des entreprises européennes, qui exploitent nos ressources halieutiques.

L’accord de pêche avec l’Europe vient d’être renouvelé. Les populations locales ne gagnent rien dans ces accords car tout ce qui est pêché est destiné à l’exportation. Il y a des milliers de marins pêcheurs marocains, mais qui ne peuvent pas concurrencer les gros bateaux européens. L’essentiel des ressources, au large du Sahara occidental, sont absorbées par les bateaux venus d’Europe.

Le rattachement au Maroc du Sahara occidental est-il un sujet toujours aussi sensible ?

Au Maroc en général, on ne parle pas de cette question car l’Etat ne laisse pas faire. Il est établi comme principe que si tu parles du Sahara, tu dois être pour le Marocanité du Sahara. Personnellement, je suis plutôt favorable à la libération du Sahara dans la mesure où c’est ce que demande le peuple sahraoui et je défends son droit à réclamer l’indépendance… mais à vrai dire, je rêve plutôt d’une autre Afrique, ou au moins d’une autre Afrique du Nord, unie et sans frontières.

Ce sont toujours les peuples qui paient les conflits. Les victimes sahraouies sont surtout les pauvres qui croupissent dans les camps de réfugiés depuis plus de trente ans, pas les dirigeants sahraouis. Coté marocain, le peuple est aussi victime car il paie la politique du gouvernement marocain qui investit énormément dans le Sahara afin d’y attirer les Marocains à coup de subventions, des produits de base et autres facilités d’installation.

Du coup, les Marocains pensent qu’ils vivront mieux une fois ce problème résolu car ils ne financeront plus tout cela. D’autre part, les leaders sahraouis disent au peuple qu’ils vivra mieux étant indépendants car ils profiteront des richesses de leur pays. Selon moi, ce sont de faux arguments car il y a de nombreux exemples de pays riches en ressources mais où la population est toujours pauvre. Le problème est plutôt que la bourgeoisie profite des richesses sans redistribuer à la population.

ATTAC/CADTM sont très engagés dans le mouvement marocain dit « du 20 février ». Quel est ce mouvement ?

On peut dire que c’est la fièvre actuelle du monde arabe, qui gagne un peu tous les pays d’Afrique du Nord. Pour le Maroc ce sont des jeunes qui ont pris l’initiative. Ils ont lancé des appels sur Facebook pour une mobilisation le 20 février. Les militants marocains ont fait circuler l’information, et le jour venu, il y a eu des milliers de jeunes qui sont descendus dans la rue pour réclamer des réformes, pour réclamer le droit au travail, aux soins, etc. C’est la première fois qu’une très grande mobilisation à l’échelle nationale au Maroc réclame des réformes politiques, dans ce pays où l’on vit sous un régime monarchique très ancien et très bien ancré. Les revendications concernaient en particulier la séparation des pouvoirs qui sont toujours concentrés entre les mains du roi. On parle de dissolution du parlement, de réécrire la constitution afin qu’elle soit plus démocratique.

Le 20 février au matin, ATTAC/ CADTM était très engagé. Dans toutes les villes où il y a eut des arrestations, il y avait de nos militants, certains se sont même fait tabasser. Au niveau du mouvement en lui-même, on laisse des jeunes diriger la mobilisation. Nous sommes particulièrement méfiants vis-à-vis des partis politiques qui pourraient s’approprier le mouvement, ce qui reviendrait à le tuer.

C’est un mouvement de jeunesse avant tout. Si les partis politiques sont d’accord avec les revendications, ils peuvent aider au niveau de la communication, mais ils ne peuvent pas organiser de manifestation ou parler au nom du mouvement du 20 février.

Comment ce mouvement est-il structuré ?

Je peux vous parler d’Agadir, mais ce n’est pas pareil dans toutes les villes. Ici, chacun se présente en tant qu’individu militant, pas en tant qu’organisation. On fait des assemblées générales et les décisions sont prises à la majorité. On essaie de ne pas créer de structure qui parle au nom du mouvement et qui risquerait d’étouffer la lutte. C’est l’assemblée générale qui décide du programme des actions, qui fait des communiqués, etc.…

Ce qui est remarquable c’est l’utilisation des réseaux sociaux comme Facebook, comme en Tunisie et en Egypte. A la première réunion à Agadir, il y avait une centaine de jeunes non-militants mobilisés grâce à Facebook.

Les contestations ont-elles été réprimées ?

Il y a eu de la répression mais pas dans toutes les villes. Il y en a eu à Marrakech, à Tanger ou à El Hoceïma. Certains manifestants ont été accusés d’être des casseurs et condamnés à des peines allant jusqu’à 10 ans de prison ! En revanche, dans d’autres villes comme à Agadir, on n’a même pas vu un policier en tenue. Bien entendu, la police était présente partout en civil et la manifestation d’Agadir, longue de 11 km, s’est déroulée sans incidents.

L’Etat marocain a été suffisamment malin pour ne pas se lancer dans une répression immédiate tel qu’on l’a vu dans les pays voisins. Il a laissé certaines manifestations se dérouler normalement, dans le calme, pour montrer aux organisations internationales, aux défenseurs des droits de l’homme et à la presse que le gouvernement est souple et respectueux des droits de l’homme. Cela permet de donner une bonne image du Maroc, qui cherche à renforcer ses liens avec l’UE.

Ils ont donc laissé faire dans certaines villes pour la manifestation du 20 février afin de sauver l’image du régime, mais dès le lendemain, la répression a repris contre les militants.

Le 26 février, j’ai assisté à une répression très brutale d’un sit-in pacifique devant un cinéma. Il y avait des dizaines de policiers qui sont intervenus violemment. 45 personnes au moins sont allées à l’hôpital, certains avec des fractures, d’autres gravement blessés tandis que j’étais arrêté. Le lendemain, la police a continué à menacer des militants et envoyé des voyous au domicile d’une de nos militantes pour la menacer de viol si elle ne cessait pas sa participation au mouvement du 20 février. Quelques jours auparavant, j’avais également été arrêté avec 22 autres militants alors que nous nous rendions à un sit-in en ville. Mais la police a surtout tapé sur des étudiants, comme Boumsetri Zahira du mouvement des « Etudiants révolutionnaires ». Ils l’avaient traquée et arrêtée à la porte de la faculté et l’ont frappée, giflée, et insultée. Lorsque je suis arrivé au commissariat, je l’ai trouvée toute rouge, incapable de bouger son pied. Nous avons eu plus de chance car ils ne nous ont pas touchés. Ils ont juste pris des renseignements pour la police politique. Ils nous disent que nos revendications ont été entendues, que l’on doit attendre qu’elles soient prises en compte. Pour nous, il n’est pas question d’attendre car ils cherchent à endormir le mouvement.

Le mouvement va donc continuer tant qu’il n’y aura pas de changements malgré la répression. A notre dernière réunion, beaucoup de blessés ont pris la parole pour dire qu’ils voulaient continuer à réclamer leurs droits.

Quels sont les relations avec les mouvements extérieurs au pays ?

De notre coté, nous exprimons notre solidarité avec tous les peuples opprimés, en particulier les Libyens. Et bien entendu nous espérons du soutien de la part des militants et des organisations du monde entier. Surtout pour montrer la réalité du régime marocain car le gouvernement travaille beaucoup pour soigner son image à l’extérieur. Il faut dénoncer ce régime, être présent devant lui dans toutes les réunions internationale pour donner la vraie image de la monarchie marocaine, qui est une véritable dictature.

Notes

[1] ATTAC/CADTM Maroc compte 17 groupes et presque 400 adhérents dans tout le pays.

source : http://www.hns-info.net/spip.php?article30079

un regard amusé et amusant sur le printemps arabe !


Monpontet Revolutions pacifiques ou pas [NWS]... par peanutsie

il suffit de peu pour qu'une manif tourne à la révolution , le temps d un clin d oeil pas comme les autres ! bravo l artiste !