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" Entre nous
cette soif
quand l'eau multiplie la soif
Entre nous
le désir qui sépare "
Abdellatif Laâbi. La guerre d'amour. Tous les déchiremenrs. Œuvre poétique I
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" l'étrange sourire du pendu
étincellera sur mes lèvres "
Abdellatif Laâbi. La guerre d'amour. Tous les déchiremenrs. Œuvre poétique I
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" Le fleuve te ressemble
il a l'ondoiement de tes courbes
la malice de tes poissons
les berges grasses de ta vulve
les saules pleureurs de tes cils humides
les mouettes convulsives de tes reins
il a ton cri étouffé
et tes larmes
quand je te somme de te retenir
afin de ne pas déranger les voisins "
Abdellatif Laâbi. La guerre d'amour. Tous les déchiremenrs. Œuvre poétique I
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" dand ton lit
tu ne douteras plus de moi
Ne m'en veux pas
d'être l'ombre
dont se repaît la lumière "
Abdellatif Laâbi. La guerre d'amour. Tous les déchiremenrs. Œuvre poétique I
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" M'est blessure
ta blessure
Puisée à la mienne "
Abdellatif Laâbi. La guerre d'amour. Tous les déchiremenrs. Œuvre poétique I
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" La pluie
nous surprendra
nous nous déshabillerons
nous étalerons nos branches
nous sortirons nos feuilles
nos bourgeons
nous déploieront nos racines
nous préparerons nos fruits
les arbres
nous reconnaîtront pour leurs "
Abdellatif Laâbi. La guerre d'amour. Tous les déchiremenrs. Œuvre poétique I
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" Le désert nous surprendra
tu seras ma chamelle
ou mon guide
je sortirai ma flûte
nous laisserons pousser nos cheveux
une oasis naîtra
de cette bonté
L'amour nous surprendra
à deux pas de l'enfer "
Abdellatif Laâbi. La guerre d'amour. Tous les déchiremenrs. Œuvre poétique I
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" Qui aime
en moi ?
Qui
me tue ? "
Abdellatif Laâbi. La guerre d'amour. Tous les déchiremenrs. Œuvre poétique I
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" Ne m'aime pas mort
mais ne jette pas mes poèmes "
Abdellatif Laâbi. La guerre d'amour. Tous les déchiremenrs. Œuvre poétique I
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" Ma terre
est suceuse et dévoreuse
elle n'hésite pas à faire couler le sang
et saigner à son tour
Ma terre est volage
sans être oublieuse
elle adore les outrances de langage
et les délices de sodomie
C'est une barbare
qui se rit des civilités
Elle ne baise pas avec la tête
et ne prend pas la pillule
ma terre
ma putain sacrée
la dernière femme fidèle
Elle me ressemble et ne me suit pas
C'est une terre
comme on n'en fait plus
Je ne me prosterne pas
non plus
devant le cul de ma terre "
Abdellatif Laâbi. La guerre d'amour. Tous les déchiremenrs. Œuvre poétique I
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" Ce pacte qui nous lie
est celui des enfants
que nous volons
à la porte des abattoirs "
Abdellatif Laâbi. La guerre d'amour. Tous les déchiremenrs. Œuvre poétique I
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" Je t'attends
en ordre dispersé
je veux ne rien te dire
je veux que tu comprennes tout
Dos à dos
la foudre nous coulera
dans un moule définitif "
Abdellatif Laâbi. La guerre d'amour. Tous les déchiremenrs. Œuvre poétique I
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" Dans le noir
tu es plus excitante
car j'ai envie
d'éclairer "
Abdellatif Laâbi. La guerre d'amour. Tous les déchiremenrs. Œuvre poétique I
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" C'est encore moi
qui tendrai ma main vers ton embouchure
tu dresseras la table
pour nos bruyantes ripailles "
Abdellatif Laâbi. La guerre d'amour. Tous les déchiremenrs. Œuvre poétique I
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" Nous ne parlons pas
le même langage
heureusement
sinon
comment pourrions-nous dialoguer ? "
Abdellatif Laâbi. La guerre d'amour. Tous les déchiremenrs. Œuvre poétique I
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" Je veux aimer
à ma manière
loin des yeux ou près du cœur
mes promises dans mon épouse
plusieurs en un
l'enfant, l'ami
le camarade perdu en cours de route
ce qu'aucune femme ne peut donner
le coup de foudre et l'habitude
les transes du désir
et la présence rassurante
ce qui ressemble à la résurrection
quand il ne reste plus rien à brûler
Je veux aimer
au-delà de l'amour
Ne me caresse pas
quand j'écris
dans ma tête "
Abdellatif Laâbi. La guerre d'amour. Tous les déchiremenrs. Œuvre poétique I
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" Toutes les guerres finissent
sauf celle
d'amour "
Abdellatif Laâbi. La guerre d'amour. Tous les déchiremenrs. Œuvre poétique I
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" Réveille-toi
poème
fils de l'extrême douleur
Ce matin
nous avons marié notre plus belle femme
à la mort printanière "
Abdellatif Laâbi. La mort printanière ( à la mémoire de Saïda Menebhi ). Oraisons marquées au fer rouge. Sous le bâillon le poème. Œuvre poétique I
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" Ecrire est dérisoire. Dérisoire ce vitriol au cœur. Le ciel stérile de l'hiver. Le soleil du crime, un avorton pâle. (...) Ô cet amour sauvage de la camaraderie des armes ! "
Abdellatif Laâbi. La mort printanière ( à la mémoire de Saïda Menebhi ). Oraisons marquées au fer rouge. Sous le bâillon le poème. Œuvre poétique I
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" Dans notre pays prospèrent les mercenaires. Grands forbans d'hier et d'aujourd'hui, petits limiers arrivistes se donnant la poigne d'acier, formant la ronde sinistre du non-peuple, traquant l'espoir, interdisant le futur.
Dans notre pays, les femmes portent encore intact le joug de leur tragédie millénaire. Et pour déchiffrer notre souffrance génétique, c'est leur cri qu'il faut écouter "
Abdellatif Laâbi. Naissance d'une passion. Oraisons marquées au fer rouge. Sous le bâillon le poème. Œuvre poétique I
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" C'était l'aube
à tes yeux infinis
lorsque tu t'es dressée pour la rencontre
ta mémoire mobilisée
femme et combattante
Ta passion était née
ardente fiancée en transe de don
C'est alors que nous nous sommes tous mis
à t'appeler
" camarade " "
Abdellatif Laâbi. Naissance d'une passion. Oraisons marquées au fer rouge. Sous le bâillon le poème. Œuvre poétique I
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" " camarade "
C'est doux ce petit mot anodin
qui court comme un ruisselet de caresses
et nous épaule les uns les autres
alors que nous avons banni notre vieille identité
et que nous a cloisonnés
la diaspora de la clandestinité
Et pourtant
" camarade "
c'est notre signe de ralliement
dans notre rude tendresse
nous autres citoyens
du continent espoir "
Abdellatif Laâbi. Naissance d'une passion. Oraisons marquées au fer rouge. Sous le bâillon le poème. Œuvre poétique I
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" Mort printanière. Nous t'avons donné notre plus belle femme. Femme-scandale qui a osé lever la main sur le Temple de servitude. Elle avait une voix toute neuve pour chanter nos amours inédites. Elle savait prédire les tempêtes et les jours de soleil et, quand elle riait, les corbeaux de notre tristesse prenait la fuite "
Abdellatif Laâbi. Oraison ( à la mémoire de Saïda Menebhi ). Oraisons marquées au fer rouge. Sous le bâillon le poème. Œuvre poétique I
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" Tôt levée, elle était tantôt dans les champs, traçant les sillons parfais de la révolte, indiquant les chemins solidaires, tantôt dans les usines, offrant les muguets de la force, triant les fruits des luttes exemplaires. Dans les écoles, elle était toute fière d'être l'ambassadrice des champs et des usines.
Elle était dure à la tâche d'ensemencement et d'intelligence.
Femme-creuset. Femme peuple "
Abdellatif Laâbi. Oraison ( à la mémoire de Saïda Menebhi ). Oraisons marquées au fer rouge. Sous le bâillon le poème. Œuvre poétique I
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" Grièvement atteints
par ta faim incommensurable
nous avons divorcé avec l'oubli
Saïda
Petite sœur immaculée
épouse de la mort printanière
nous te promettons
d'être durs
impitoyables
lorsque sonnera l'heure des châtiments
et qu'il s'agira de traîner
devant le tribunal du peuple
les bourreaux de ta jeunesse
Nous te promettons d'être bons
d'une extrême douceur
lorsqu'il s'agira d'édifier la patrie de la faim
immortelle "
Abdellatif Laâbi. Oraison ( à la mémoire de Saïda Menebhi ). Oraisons marquées au fer rouge. Sous le bâillon le poème. Œuvre poétique I
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" J'ai mille raisons de vivre
vaincre la mort quotidienne
le bonheur de t'aimer
marcher au pas de l'espoir "
Abdellatif Laâbi. Sous le bâillon le poème 1. Sous le bâillon le poème. Œuvre poétique I
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" Nous avons besoin de toute notre intelligence
pour l'échec
la désillusion
les faits têtus qui corrodent
les rêves de naïveté
et de cette nouvelle lucidité
le chemin s'écroule "
Abdellatif Laâbi. Sous le bâillon le poème 1. Sous le bâillon le poème. Œuvre poétique I
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" Apprendre le silence
pour que nos paroles pèsent
de tout leur poids de souffrance
Dire la quintessence de nos actes
Sous le bandeau du bourreau
savoir déceler le bandeau
de notre propre suffisance "
Abdellatif Laâbi. Sous le bâillon le poème 1. Sous le bâillon le poème. Œuvre poétique I
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" Amis
qui êtes devenus
un de ces foyers de clarté
qui m'aident à me défendre
contre les tenailles de la nuit
Vous qui êtes venus à moi
par la grâce du poème
et que je rencontrai
par-delà les barbelés de l'exil
dans un continent qui ne fait que naître
qui n'émerge ni de la mer ni du ciel "
Abdellatif Laâbi. Lettre à mes amis d'outre-mer. Lettres. Sous le bâillon le poème. Œuvre poétique I
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