vendredi 26 août 2011

Maroc : La révolution tranquille ? Rencontre avec Mohamed Tozy

Propos recueillis par Justine Canonne

Le 20 février 2011, des manifestations ont lieu dans plusieurs villes marocaines. Dans la foulée s'est créé un mouvement - le mouvement dit "du 20 février" -, qui exige un changement de constitution et des réformes démocratiques. Le roi Mohammed VI promet une réforme constitutionnelle, adoptée par référendum le 1er juillet dernier. Mais alors que de nombreux observateurs vantent la réactivité de la monarchie, le mouvement du 20 février poursuit ses revendications. Le politologue Mohamed Tozy revient sur le contexte politique au Maroc.

Quels principes ont présidé à la récente réforme constitutionnelle ?

Certaines questions de fond ont structuré ce chantier de réformes : cela consistait d'abord à rappeler que la source exclusive de la souveraineté est le peuple, puis à affirmer la suprématie de la constitution sur toute autre forme juridique, qu’elle soit traditionnelle ou religieuse. Le credo était : toute la constitution et rien que la constitution. La réforme constitutionnelle rend impossible l’introduction de révisions qui remettent en cause les choix démocratiques et les acquis dans le domaine des droits de l’homme.

Il s’agissait en outre de repenser le statut de la monarchie, qui devient une institution constitutionnelle comme les autres et dont les pouvoirs sont tirés exclusivement de la constitution. Ces questions peuvent paraître banales, mais la pratique constitutionnelle des cinquante dernières années les a malmenées. N’oublions pas qu’il existe un courant au Maroc qui tente de justifier les pouvoirs temporels du roi par leur origine religieuse et qui veut faire de la Shari’a une norme supra-constitutionnelle.

Les plus importantes nouveautés apportées par la réforme constitutionnelle sont liées au fait que le gouvernement n’est plus responsable devant le roi. Le roi ne peut user directement du pouvoir que dans des situations exceptionnelles. Le monopole du pouvoir législatif revient au Parlement, le roi ne peut légiférer. La constitution consacre donc désormais un type particulier de parlementarisme. Le parti vainqueur des élections est assuré de diriger le gouvernement. Une majorité structurée et forte oblige le roi à composer avec elle.

Cela dit, beaucoup dépendra de la personnalité du futur Premier ministre, à qui reviendra le défi de s’autonomiser en s’appuyant sur le texte constitutionnel. Le vrai pouvoir se situe au conseil du gouvernement, où s’élaborent les lois organiques du pays. Et le Premier ministre a désormais le pouvoir de présider le conseil en cas d’absence du roi. Ainsi, le roi est obligé de négocier en permanence avec les autres acteurs.

Le roi du Maroc a le titre de commandeur des croyants. Qu'implique ce titre dans l'exercice du pouvoir ? Que devient-il avec la réforme constitutionnelle ?

Le titre de commandeur des croyants, consacré par les anciennes constitutions, introduisait beaucoup d’ambiguïté parce qu'il se référait à une interprétation abusive de la théorie musulmane du pouvoir. L’article 19, qui consacrait ce statut, créait une grande promiscuité entre les prérogatives de chef d'Etat et de chef religieux et permettait une interprétation de la constitution faisant du roi une institution supra constitutionnelle qui, de par ce statut, pouvait légiférer pour sauver la communauté musulmane.

Ce statut de commandeur des croyants est par ailleurs revendiqué par les conservateurs comme par les partis de gauche pour des raisons différentes. Les premiers espèrent, à travers le roi, consacrer la suprématie du religieux. Les seconds pensent que ce statut permet d’insérer la religion dans la constitution – et donc ne pas placer la religion au-dessus du texte constitutionnel - et pensent aussi que le roi préservera le Maroc des extrémismes. Dans la rédaction actuelle de la constitution, la commission [qui a participé à l’élaboration du projet de réforme constitutionnelle] s'est efforcée de limiter les prérogatives liées à ce statut, qui permet au roi d'intervenir exclusivement dans le domaine du religieux, à travers la nomination des clercs aux conseils religieux et la sollicitation de ces derniers pour des avis. Il faut préciser enfin que cette fonction religieuse du roi implique sa responsabilité pour garantir par la constitution l'exercice de la liberté des cultes et qu’elle concerne tous les croyants et pas uniquement les musulmans.

Le mouvement du 20 février a poursuivi les manifestations après le référendum du 1er juillet dernier, à l’issue duquel les électeurs ont approuvé la réforme constitutionnelle.Qui compose ce mouvement ? Quelles sont ses revendications ?

Le mouvement du 20 février a fonctionné dans un premier temps comme un électrochoc qui a remis en marche le processus réformiste et banalisé des questions qui étaient taboues, par exemple le caractère immoral de la collusion entre le monde des affaires et celui du pouvoir. Ce mouvement a permis de maintenir la pression durant les travaux de la commission et de changer parfois le rapport de forces en son sein.

Malheureusement, il s'agit d'un mouvement très peu structuré, composé de plusieurs sensibilités politiques. Les deux dominantes en sont le mouvement islamiste Al Adl Wa Al Ihssan, et deux partis de gauche : le premier, Annahj Addimoqrati, est hostile au système politique actuel alors que le second, le parti socialiste unifié, est un parti à vocation réformiste. L’absence de structuration du mouvement du 20 février et les disparités idéologiques en son sein l’ont rendu inefficace au moment des arbitrages cruciaux, à la veille de la finalisation du texte de réforme constitutionnelle. C’est la raison pour laquelle le PJD (Parti de la justice et du développement), associé à des groupes conservateurs, est apparu comme le seul vainqueur des arbitrages rendus in fine, qui introduisent certaines ambiguïtés quant aux interprétations du texte constitutionnel qui seront données à l’avenir.

Monarchie fédératrice, réforme constitutionnelle… Le Maroc semble adopter une démarche plus réformiste que révolutionnaire. Le pays pourrait-il néanmoins basculer dans un processus révolutionnaire ?

Je ne le pense pas. La monarchie reste très populaire. En revanche, si les gouvernements issus des prochaines élections n'assument pas leur rôle de leadership et n'engagent pas les réformes nécessaires, le Maroc sera confronté à la montée des revendications sociales et économiques. La gestion de ce type de contestation, qui porte non pas sur les fondements du pouvoir mais son mode de gestion, requiert une grande dose de responsabilité et de courage que le personnel politique ne semble pas disposer à avoir. La solution de facilité serait de continuer à user du crédit de la monarchie auprès des Marocains, or celui-ci n'est pas inépuisable…

Source : http://www.scienceshumaines.com/index.php?lg=fr&id_dossier_web=72&id_...

pour Tozy le Maroc n est pas dans un processus révolutionnaire, le titre du commandeur de croyants est revendiqué par la droite et la gauche, le mvt 20 février n a pas su s imposer lors de l arbitrage final, le pjd, si ! par rapport à la cause de libération du peuple marocain, celle à venir , la vraie , tozy est un traître ! Tozz fi Tozy dirait un certain ex-guide ! à l ombre de leur maître Makhzen , drappés de leur diplômes d intellos modernes , ils ont en horreur le petit peuple ! la révolution ? Surtout pas, quelle horreur ! il m est arrivé d assister un jour à une conférence de Tozy et j ai vu le mépris makhzenien ( je suis susceptible vis à vis de cette moue de déni qui te dit que je vaux mieux que toi parceque mon sang est royal , presque bleu ! ) dans ses réponses et regards ! j y reviendrai un jour ! Pour le moment JE DENONCE LA TRAHISON DE NOS CLERCS !

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