- " Si nos yeux á peine ouverts, nous vîmes la haine,
Si nos pas á peine affermis, on nous fit choir,
Si désirant aimer, l'amour nous fut hostile
Et si le seul contact nous fit une blessure,
Qui n'aurait essayé alors d'armer ses mains,
Qui, pour survivre, n'aurait voulu devenir dur
Comme un couteau, rendre blessure pour blessure ? " Rendez-vous d'hiver. Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire
- " l'identité a perdu son miroir
Et nous avons grandi en changeant de chemin. " Rendez-vous d'hiver. Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire
-
" toute la forêt vaginale
est un entrepôt de parfums,
et je vais et viens, je répands
les constellations du pollen
dans le silence tout-puissant. "
Forêt. Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire
-
" Les voici
par la porte
de Madrid,
les Maures,
Franco entre sur son char de squelettes,
pour nos amis
la mort, l'exil. "
Amours : Délia,I. Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire
-
" Les gens se turent et s'endormirent,
chacun tel qu'il était tel qu'il sera :
la rancœur ne naissait peut-être pas en toi,
car n'est-il pas écrit là où on ne peut lire
que l'amour mort n'est pas la mort
mais une amère façon de naître. "
Amours : Délia, II. Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire
-
" pour la première fois peut-être je ne me sentis pas
père des pleurs,
hôte
de l'éternelle agonie. "
Sérénade mexicaine. Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire
-
" S'il pleut je sors goûter l'averse.
Je sors pour être ce que j'aime, la présence
nue du soleil sur le rocher,
pour être ce qui pousse et pousse sans savoir
qu'il ne peut abolir sa croissance "
Pour l'envie. Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire
-
" Dans les estuaires de l'amour
tiennent encor toutes les larmes
et toute la terre ne peut
combler la tombe de l'amour,
pourtant pour mordre et pour blesser
on met l'ombre dans les chemins
au lieu du soleil dans les lits. "
Aux désunis. Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire
-
" Où est la vérité ? La clef
s'est égarée dans une armée de portes
et la voici parmi les autres,
sans trouver
désormais
sa serrure. "
Enfin il n'y a plus personne. Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire
-
" Nous avons peut-être le temps
encore d'être, et d'être juste.
D'une manière provisoire
la vérité est morte hier,
cela tout le monde le sait
bien que chacun le dissimule :
elle n'a point reçu de fleurs :
elle est morte et nul ne la pleure. "
Nous avons peut-être le temps. Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire
-
" Puisque la vérité est morte
nous pouvons dès lors être justes.
Car avant nous devions nous battre
Avec des armes d'obscur calibre :
pour nous blesser, nous oubliâmes
le pourquoi de notre combat. "
Nous avons peut-être le temps. Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire
-
" Nous avons jamais su à qui
était le sang autour de nous,
nous avons accusé sans cesse,
sans cesse on nous a accusés,
Ils ont souffert, et nous aussi,
mais alors qu'ils avaient gagné,
alors que nous avions gagné,
la vérité est décédée
de vieillesse ou de mort violente.
Maintenant tout est inutile :
nous avons tous été vaincus. "
Nous avons peut-être le temps. Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire
-
" Ah ! ténébreux drapeau qui couvrit la faucille
victorieuse et couvrit la masse du marteau
d'une seule effigie épouvantable ! "
La peur. L'épisode. Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire
-
" L'homme ne peut sans danger s'ériger
en monument de pierre et de police.
Et ce fut ce qui arriva lorsque ce grand
se mit à déculper sa grandeur par décret. "
C'est impossible. L'épisode. Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire
-
" Vous allez voir combien nous sommes et comptons.
Vous allez voir combien nous sommes et serons. "
Les communistes. L'épisode. Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire
-
" Ils guettent en vain, ceux qui attendent
que je m'installe à quelque coin de rue pour vendre
mes armes, ma raison et mes espoirs.
Jour après jour j'ai pu entendre la menace,
la séduction, la furie, le mensonge,
je n'ai pas reculé du lieu de mon étoile. "
Non, messieurs. L'épisode. Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire
-
" L'homme traqué dans ses erreurs
et dans sa faiblesse émouvante
cherche quelqu'un à qui sacrifier le fardeau
qui pesa sur son dos sans qu'il cherche à comprendre,
et alors cette pierre qu'il portait
il la jette à celui qui lui fraie le chemin.
J'ai reçu la pierre en plein front. "
Le mal. L'épisode. Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire
-
" Je suis blessé par le souvenir de mon frère :
de l'homme qui, m'aimant pourtant, ne sut trouver
d'autre moyen de me parler qu'en me blessant,
de l'homme qui m'a haï sans savoir
que j'assumais ses ténèbres dans la clarté
et que pour ses douleurs je livrais mon combat. "
Le mal. L'épisode. Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire
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