dimanche 17 juillet 2011

Dernier mot : dépasser la psychanalyse ?


La psychanalyse défend une vision du psychisme de l’Homme qui ne saurait se réduire au simple fonctionnement de ses neurones. Exigeante méthode d’exploration de soi, aux résultats cliniques incontestables, la psychanalyse apparaît comme un humanisme salutaire contre les aliénations d’une société moderne qui privilégie les performances techniques et le règlement chimique des souffrances de l’âme.
Inventée par Sigmund Freud en 1896, la psychanalyse est une discipline qui comprend une méthode thérapeutique, un système de pensée et un mouvement politique lui permettant de transmettre son savoir et de former des praticiens.
Deux conditions préexistent à la formation de son mouvement : d’une part la constitution d’un savoir psychiatrique, c’est-à-dire d’un regard sur la folie capable de conceptualiser la notion de maladie mentale au détriment de l’idée de possession démoniaque, et de l’autre l’existence d’un Etat de droit susceptible de garantir la liberté d’association et de réduire toute emprise sur les consciences.
Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où chacun recherche un confort individuel. Mieux vaut ne rien savoir de son être intime plutôt que d’être hanté par les fantômes de la mémoire. Le modèle dominant de l’économie libérale restreint les libertés subjectives en ayant l’air de les élargir. Il transforme le sujet en une individualité biologique à laquelle il réclame performance et productivité. En contrepartie, il abolit toute réflexion sur soi. L’homme moderne de l’économie libérale doit être lisse et sans conflits.
Pour renouveler son originalité et affirmer son identité, hors des dogmes d’écoles et des jargons, la psychanalyse devra donc réaffirmer ses valeurs essentielles et universelles. Si elle veut rester une avancée de la civilisation sur la barbarie - c’est-à-dire un véritable humanisme - il lui faudra restaurer l’idée que l’Homme est libre de sa parole et que son destin ne se limite pas à son être biologique. Ainsi pourra-t-elle à l’avenir tenir sa place, à côté des autres sciences, pour lutter contre les prétentions obscurantistes visant à réduire la pensée à un dogme crétinisant.

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