samedi 16 juillet 2011

L’apport de H. Deutsch au freudisme


La position de Hélène Deutsch est plus complexe. D’une part, elle s’accorde avec Freud pour poser un phallicisme premier de la fille. Mais d’autre part, elle affirme l’existence d’une essence de la féminité, caractérisée par le masochisme et la passivité dont le germe se trouverait dans la relation de dépendance primitive de la fille à sa mère. L’orientation vers le père s’accompagne d’une transformation de la protestation phallique en désir d’être châtrée par lui.
Hélène Deutsch fait de l’érotisation de la douleur dans la menstruation, la défloration ou l’accouchement l’élément caractéristique de la position féminine.
Cette érotisation de la douleur est nécessaire pour assumer le destin biologique et la reproduction de l’espèce.
L’envie de pénis dont Freud faisait le ressort de l’évolution vers la féminité, trouve une satisfaction substitutive dans la relation à l’homme et dans la maternité. Chez Hélène Deutsch cette envie est reléguée au second plan par la satisfaction masochiste, héritière du rapport premier de passivité à la mère.
La jouissance liée à la passivité poussée jusqu’à l’érotisation de la douleur, en contradiction avec le narcissisme d’un côté et le principe de plaisir de l’autre est en soi une énigme psychologique.
La féminité apparaît pour la psychanalyse comme le lieu même du paradoxe.
Le travail d’Hélène Deutsch sur la personnalité « as if » (« comme si ») chez ceux dont la vie manque de sincérité ou d’authenticité annonce les recherches d’Otto Kernberg et de Heinz Kohut sur le narcissisme, ainsi que la connaissance des états limites (borderline) et d’autres pathologies psychologiques.
 
Mais le travail que nous présentons dans cette note de lecture, reste son apport le plus significatif à la psychanalyse.
Dans son livre sur la psychologie des femmes, elle reprend à son compte l’essentiel des thèses freudiennes sur la sexualité féminine ; ce qui lui vaudra d’être la cible des féministes, qui y voient une justification de l’infériorité des femmes, et la consécration de la femme-objet.
En fait, Hélène Deutsch se contente de tracer l’évolution psychologique de la femme, de la prépuberté à la ménopause, tout en avançant la thèse de l’existence d’un « noyau féminin » ou « essence féminine » dotés de trois caractéristiques :
 Le narcissisme, la passivité et le masochisme qui seraient responsable de l’intuition féminine, de ses identifications multiples, de sa subjectivité, de sa vie fantasmatique intense.
En outre, l’interaction entre ces trois traits donnerait naissance aux trois types majeurs de femmes :
La femme érotique, la femme active, et l’homosexuelle !
La femme acquiert sa passivité lors du traumatisme génital durant lequel elle a dû renoncer au plaisir clitoridien (la masturbation) au profit de la jouissance vaginale, le vagin étant un organe passif et réceptif.
Si pour Freud, l’image du père et l’identificatiuon de la femme à lui sont déterminantes dans l’homosexualité féminine ; Deutsch se démarque de cette thèse freudienne en pensant que  pour pouvoir vivre une hétérosexualité la libido de la femme doit renoncer à l’objet primaire qu’est la mère.
 
La position de Deutsch sur la sexualité féminine, inspirée par la thèse de la libido unique et du phallicisme[1], s’inscrit totalement dans le courant de l’école viennoise.
A ce courant s’opposera celui de l’école anglaise, centré sur le dualisme sexuel, et représenté par Ernest Jones, Mélanie Klein…  


[1] La conception freudienne de la libido unique (ou monisme sexuel), selon laquelle l’existence anatomique conduit chaque représentant des deux sexes à une organisation psychique différente, à travers le complexe d’Œdipe et la castration.
Une seule libido d’essence mâle définit la sexualité en général (masculine et féminine).

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