lundi 24 septembre 2012

Abdellatif Laâbi. Poésies. Extraits I

" jurez-moi de ne pas me croire

nous attendons

qu'une roue fissure des chairs non comestibles

ou qu'un œil s'éteigne pour avoir été témoin "

Abdellatif Laâbi. Gloire à ceux qui nous torturent. Le règne de barbarie

 

" l'héritage

le sadisme d'Abraham

l'héritage

la foi terrassée par les miracles

l'abondance spontanée du désert "

Abdellatif Laâbi. Gloire à ceux qui nous torturent. Le règne de barbarie

 

" être de cette nuit

que ne démantèle pas le jour "

Abdellatif Laâbi. Gloire à ceux qui nous torturent. Le règne de barbarie

 

Je réponds à la violence

par la violence

je ne contrôle pas les impulsions de mon poing

patience

toutes ces vies m'appartiennent

je parlerai de tout

avant qu'une main payée

ne vienne me poignarder dans le dos

patience

je vais parler

des morts qui m'ont devancé

ceux que je fréquente

et ceux à venir

tout sera dit

je vous en fais serment "

Abdellatif Laâbi. Gloire à ceux qui nous torturent. Le règne de barbarie

 

" salut jungle de crudité

quelque chose en moi se réveille

encore une fois le miracle du corps

je commence par niet

ma main se dresse

se casse

et se retourne

prend le sexe

froidement l'étale "

Abdellatif Laâbi. Gloire à ceux qui nous torturent. Le règne de barbarie

 

" je rappelle au désordre

mot d'ordre

i n s o u m i s s i o n

il nous faudra des guerres

des sièges plus meurtriers qu'aux croisades

je veux un sang juste

l'exacte vengeance "

Abdellatif Laâbi. Vie urgente. Le règne de barbarie

 

" une guerre tirant et saillant

à nu

le pilori des fatalismes "

Abdellatif Laâbi. Vie urgente. Le règne de barbarie

 

" sans rendez-vous

un chant tranché dans la croupe des vertiges "

Abdellatif Laâbi. Vie urgente. Le règne de barbarie

 

" aujourd'hui quelques-uns dressent des purgatoires sur des séismes

caravaniers de l'absurde

aujourd'hui quelques-uns se sentent seuls

lutins seuls

et ils le seront de plus en plus

jusqu'au naufrage du souffle "

Abdellatif Laâbi. Vie urgente. Le règne de barbarie

 

" je proclame mon ascenscion

le sang remonte

jusqu'au goulot des pics

non marée

non pas déluge

il gonfle

aimanté dans mes orgasmes "

Abdellatif Laâbi. Vie urgente. Le règne de barbarie

 

" la rigolade

vos explosions

vos expansions

vos interventions

votre g u e r r e à t o u s l e s g a z

 

qui vous dit que je ne suis pas anthropophage "

Abdellatif Laâbi. Vie urgente. Le règne de barbarie

 

" je sais

de certitude charnelle

de quelles genèses je fus témoin

à quelles apocalypses j'ai survécu "

Abdellatif Laâbi. Vie urgente. Le règne de barbarie

 

" ô le crime immémorial

si je m'arme jusqu'aux dents

c'est pour abattre la monture des dogmes "

Abdellatif Laâbi. Vie urgente. Le règne de barbarie

 

" camarades

soyons vigilants

nous prenons de la distance

hués de toutes parts

les mains sur la poitrine

et sur la touche

les nouveau-nés

apprenez donc à lire dans les ruelles

cette épopée du silence "

Abdellatif Laâbi. Vie urgente. Le règne de barbarie

 

" nous sommes anachroniques Certes nous le sommes Mais vis-à-vis d'un certain ordre De violence

disons qu'instinctivement nous sommes allergiques aux manuels Aux sommes divinisant l'Intelligence "

Abdellatif Laâbi. Race. Le règne de barbarie

 

" ma femme aimée

l'aube nous rappelle à la présence

La lutte reprend

et l'amour s'épanouit comme une rose

dans l'arène de l'émeute "

Abdellatif Laâbi. L'arbre de fer fleurit. Sous le bâillon le poème.

 

" Oui la poésie restaurera l'homme

 

Qui de nous écrit le poème

puisque mes mains t'appartiennent

puisque la poésie

pour se purifier

Pour se soumettre à l'ordalie

doit passer par les cimes de tes yeux

puisque mon souffle rebondit

d'une autre poitrine ?

J'écris

et ma main vient de loin

pour imprimer sur la rouille de mes barreaux

les paroles illuminées du poème

" Je suis devenu celui que j'aime

et celui que j'aime est devenu moi "

Abdellatif Laâbi. L'arbre de fer fleurit. Sous le bâillon le poème.

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