samedi 22 septembre 2012

Pablo Neruda - Mémorial de l'Ile Noire - Extraits 4

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" Clair est le jour qui a lavé la grève

blanche et froide l'écume roule sur la mer,

et dans cette solitude démesurée

se soutient la clarté de mon libre vouloir.

Mais ce monde n'est pas celui que je désire. "

Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire. L'épisode. Me voici

 

 

" Et pendant ce temps-là, les tribus et les peuples

égratignent la terre et dorment dans la mine,

ils pêchent parmi les épines de l'hiver,

ils enfoncent les clous dans leurs cerceuils,

ils élèvent des villes qu'ils n'habitent pas,

ils sèment ce pain-là qu'ils n'auront pas demain,

Ils se disputent pour la faim et le danger. "

Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire. L'épisode. Les peuples

 

 

" nous n'avons pas encore de nom,

nous sommes autre.

Nos yeux se sont fermés de sommeil mais aussi

Pour ne plus voir le même ciel. "

Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire. Il n'est plus besoin

 

 

" Attention à ne pas blesser

les poissons !

Déjà en pleine lune, parmi les trahisons

des rets invisibles ou de l'hameçon,

de la main du pêcheur qui veille

ils sont morts, ils croyaient

à l'immortalité,

or les voici,

Écailles et viscères, argent et sang

dans la balance. "

Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire. Attention au Marché.

 

 

" Attention aux oiseaux !

Ne touche pas ces plumes

qui aspirèrent à voler,

leur essor était celui

que ton petit cœur lui aussi

se proposait. "

Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire. Attention au marché.

 

- " Pitié, pitié pour le poète. " Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire. La mémoire

 

 

" A peine réveillé, j'ai reconnu

le jour, c'était celui d'hier,

c'était un ami que je croyais perdu

et qui revenait me surprendre.

Jeudi, ai-je dit, attends-moi,

je vais m'habiller, nous allons marcher

jusqu'à ce que tu tombes dans la nuit. "

Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire. Le long jeudi

 

 

" le nouvel amour, l'amour tout jeune découvert,

sous un arbre du parc m'incitait, m'invitait

À laisser durer en moi le printemps "

Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire. Le long jeudi

 

 

" Et je finis par rendre l'âme, je mourus

d'inanition, de mon échec, de rien du tout,

d'être là entre un jour qui revenait

et une nuit qui attendait comme une veuve.

Avec ma mort tout a changé. "

Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire. Le long jeudi

 

 

" Comme il est bon le monde entier !

(...)

En vérité, il n'est pas de mal que le secret.

Il n'y a pas eu de printemps dans le tunnel

et les rats ont chu dans le puits.

Et l'eau dès lors fut différente. "

Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire. La bonté cachée

 

 

" Il y a beaucoup à faire en ce monde

pour prouver sans nous efforcer

que nous sommes tous de braves gens : nous ne pouvons

transformer la bonté en pugilat.

Car il ne resterait personne

dans les villes, où chaque fenêtre

cache jalouse

les yeux qui nous cherchent et que nous ne voyons pas. "

Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire. La bonté cachée

 

 

" Idéalisme et réalisme, je vous aime,

comme l'eau et la pierre

vous êtes

parties du monde,

lumière et racine de l'arbre de la vie. "

Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire. La vérité

 

 

" Non, ne me fermez pas les yeux

lorsque j'aurai cessé de vivre,

j'en aurai besoin pour apprendre,

pour regarder et comprendre ma mort. "

Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire. La vérité

 

 

" Il semble bien que l'homme

bouscule fort le paysage

et cette route qui avait un ciel auparavant

maintenant nous écrase

de son entêtement commercial. "

 

Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire. La vérité

 

 

" La beauté, laissons-la danser

avec ses courtisans les plus inacceptables,

entre le plein jour et la nuit :

ne la contraignons pas à avaler

comme un médicament la pilule de vérité. "

Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire. La vérité

 

-  

 

" Et le réel ? Il nous le faut, sans aucun doute,

mais que ce soit pour nous grandir,

Pour nous rendre plus vastes, pour nous faire frémir,

pour rédiger ce qui pour nous doit être

l'ordre du pain tout autant que l'ordre de l'âme. " Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire. La vérité

 

 

" Susurrez ! tel est mon ordre

aux forêts pures,

qu'elles disent en secret ce qui est leur secret,

et à la vérité : Cesse donc de stagner,

tu te durcis jusqu'au mensonge.

Je ne suis pas recteur, je ne dirige rien,

et voilà pourquoi j'accumule

les erreurs de mon chant. "

Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire. La vérité

 

 

" ainsi ta présence et ton absence et le poids de ta chevelure,

la fraîche chaleur de ton corps d'avoine dans le lit,

La peau victorieuse que ton printemps plaça au côté

de mon cœur qui frappait sur la pierre du mur,

le ferme contact de blé et d'or de tes hanches ensoleillées,

ta voix qui répondait une douceur sauvage de cascade,

ta bouche qui aime la pression de mes baisers mûrs,

ce fut comme si le jour et la nuit avaient tranché leur nœud pour montrer entrouverte

la porte qui unit et sépare la lumière et l'ombre

et comme si par l'ouverture était apparu le lointain domaine

que l'homme cherche en piquant la pierre, l'ombre, le vide. "

Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire. Amours : Mathilde. Le chant

 

 

" chacun s'amarre à son oubli avec sa chaîne favorite

et le quant-à-soi de l'hypocrite à l'oreille furtive " Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire. Amours : Mathilde. Retour

 

 

" journaux, radio, télévision chantèrent la gloire de saint Argent,

et ainsi même le probable, même celui qui ne put être un homme,

l'affranchi, l'homme nu, l'affamé, le berger de misère,

l'employé aux travaux de nuit qui ronge dans l'obscurité le pain qu'il dispute aux rats,

tous ont cru que Dieu c'était cela, ils ont défendu le Coffre Supprême,

et ils se sont ensevelis dans l'individu humilié, repus d'orgueil prêté. "

Pablo Neruda. Mémorial de l'Ile Noire. Amours : Mathilde. La Chascona

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