dimanche 30 septembre 2012

Anthologie de la poésie française - Geoarges Pompidou - 3

Deux coqs vivaient en paix; une poule survint

 

La Fontaine. Les deux coqs

 

Et quand ça serait un royaume,

Je voudrais bien savoir, dit-elle, quelle loi

En a pour toujours fait l'octroi

A Jean, fils ou neveu de Pierre ou de Guillaume,

Plutôt qu'à Paul, plutôt qu'à moi.

 

La Fontaine. Le Chat, la Belette et le petit Lapin

 

Je suis chose légère, et vole à tout sujet;

Je vais de fleur en fleur, et d'objet en objet;

A beaucoup de plaisirs je mêle un peu de gloire.

 

La Fontaine. Deuxième Discours à Mme de la Sablière

 

-

Efforcez-vous ici de paraître fidèle,

Et je m'efforcerai, moi, de vous croire telle.

 

Molière. Le Misanthrope

 

Ce n'est plus une ardeur dans mes veines cachée :

C'est Vénus toute entière à sa proie attachée.

 

Racine. Phèdre

 

La peur fugitive est leur dieu,

La bassesse, la feinte. Ah ! lâches que nous sommes

Tous, oui, tous. Adieu, terre, adieu.

Vienne, vienne la mort ! - Que la mort me délivre !

 

Chénier. Iambes

 

-

Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,

Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?

Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chers,

Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé !

 

Lamartine. L'isolement

 

Mon cœur, lassé de tout, même de l'espérance,

N'ira plus de ses vœux importuner le sort;

Prêtez-moi seulement, vallon de mon enfance,

Un asile d'un jour pour attendre la mort.

 

Lamartine. Le vallon

 

-

J'ai trop vu, trop senti, trop aimé dans ma vie;

Je viens chercher vivant le calme du Léthé.

Beaux lieux, soyez pour moi ces bords où l'on oublie :

L'oubli seul désormais est ma félicité.

 

Lamartine. Le vallon

 

Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,

Hâtons-nous, jouissons !

L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive;

Il coule, et nous passons !

 

Lamartine. Le lac

 

-

Quoique jeune sur la terre,

Je suis déjà solitaire

Parmi ceux de ma saison;

Et quand je dis en moi-même :

" Où sont ceux que ton cœur aime ? "

Je regarde le gazon.

 

Lamartine. Pensée des morts

 

Leurs blonds cheveux épars au vent de la montagne,

Les filles, se passant leurs deux mains sur les yeux,

Jetaient des cris de joie à l'écho des montagnes,

Ou sur leurs seins naissants croisaient leurs doigts pieux.

 

Lamartine. La vigne et la maison

 

-

La femme est à présent pire que dans ces temps

Où, voyant les humains, Dieu dit : " Je me repens ! "

Bientôt, se retirant dans un hideux royaume,

La Femme aura Gomorrhe et l'Homme aura Sodome,

Et, se jetant de loin un regard irrité,

Les deux sexes mourront chacun de son côté.

 

Vigny. La colère de Samson

 

-

Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête,

Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux,

Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête,

Sans que rien manque au monde immense et radieux !

 

Hugo. Soleils couchants

 

-

O révolutions ! j'ignore,

Moi, le moindre des matelots,

Ce que Dieu dans l'ombre élabore

Sous le tumulte de vos flots.

 

Hugo. Napoléon II

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